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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 10:49



S'il est bien un sujet qui défraie la chronique actuellement, c'est bien celui des bonus versés aux banquiers. Il faut dire qu'après la dénonciation en choeur de la cupidité de ces derniers par les dirigeants politiques réunis au G20, l'opinion publique a bien du mal à admettre le retour de certaines pratiques de rémunération... Or, s'il paraît justifié de s'indigner de pareilles rémunérations (que moi aussi je trouve scandaleuses !), encore faut-il en comprendre le mécanisme pour ne pas sombrer dans un manichéisme primaire et pour proposer une éventuelle alternative.

En premier lieu, oubliez cette expression incongrue que l'on ne cesse de nous sériner depuis que notre omniprésident l'a employée : le capitalisme ne peut pas être "moralisé"... tout simplement parce que cela n'a aucun sens ! Comme je le dis en quelques mots dans la vidéo ci-dessous, on ne peut pas adjoindre de morale dans un système devenu profondément immoral et que certains se contentait encore de qualifier d'amoral il y a 20 ans. Vous imaginez dès lors combien j'ai ri en écoutant les déclarations des politiques réunis à la conférence internationale de janvier 2009 baptisée "Nouveau monde, nouveau capitalisme" (sic !). Je retiens en particulier l'ineffable Nicolas Sarkozy qui déclarait que la crise du capitalisme financier n'était pas "la crise du capitalisme" et l'anticapitalisme était "une impasse, c'est la négation de tout ce qui a permis d'asseoir l'idée de progrès". Et d'ajouter "on doit moraliser le capitalisme et pas le détruire (...) il ne faut pas rompre avec le capitalisme, il faut le refonder». Mais encore ? Et bien rien !
C'est ce qui s'appelle se faire avoir par de belles promesses dites avec des mots creux.

Que s'est-il passé depuis dans le monde financier et dans le microcosme français en particulier ? En vrac : Goldman Sachs a provisionné au total 11,3 milliards de dollars en prévision des bonus à verser à ses salariés, la Société Générale avait tenté de donner des stock-options à ses dirigeants, de nombreux patrons aidés par l'Etat en ont profité pour augmenter leur rémunération fixe à défaut de grossir leur part variable qui aurait bien du mal à être justifiée économiquement, etc. Mais ce qui a mis le feu aux poudres en France, c'est l'annonce par BNP Paribas de provisionner environ 1 milliard d'euros pour les bonus de ses équipes. Rappelons tout de même que la banque avait reçu quelque 5 milliards d'aides de l'Etat au plus fort de la crise... Disons-le tout de suite : tout ceci est légal et même conforme aux recommandations du G20 qui restent, pour l'instant, des propositions sans contraintes et quasi-exclusivement basées sur la transparence. On souhaitait de la transparence ? Et bien nous venons d'être servis ! Et maintenant, il faudra attendre le prochain G20 pour espérer voir émerger un socle commun de réglementation...

J'en viens donc au calcul des bonus. Pour faire simple, disons que d'un côté se trouvent les dirigeants dont le bonus est normalement fixé par un comité de rémunération qui est souvent d'une générosité proverbiale. De l'autre, se trouvent les salariés comme les traders. Leur mode de rémunération est basé sur les revenus générés par leur activité. Ils touchent donc un fixe plus un variable (appelé bonus) qui est est égal à un pourcentage du profit réalisé. Certains de mes étudiants me faisaient remarquer que ce système est à l'image de la rémunération d'un commercial quelconque. Loin s'en faut ! Un commercial touche une commission qui est payée sans risque qui se perpétue : il vend le produit et puis c'est tout. Le trader, quant à lui, joue avec les fonds propres de la banque... et peut créer des catastrophes lorsqu'il perd beaucoup comme Jérôme Kerviel ou Nick Leeson.

Ainsi, un trader ne s'occupe jamais du coût du risque puisqu'au pire des cas sont bonus sera nul mais il ne déboursera rien. Pour reprendre la comparaison de mes étudiants, c'est un curieux commercial tout de même qui continue à toucher son salaire de base tout en ayant casser le matériel qu'il doit vendre... Ainsi, il faut cesser de rémunérer les traders sur leurs revenus et leur faire payer le coût du risque, voire même le coût de la consommation de fonds propres (car la banque doit payer pour obtenir ses fonds propres : actions, dettes,...). Le trader fera dès lors moins de profit à mesure que ses positions perdent de leur qualité, ce qui lui donnera une incitation financière (la seule à laquelle il répond favorablement malheureusement) à éviter certains risques qui pourraient devenir systémiques.

Pour finir, je suis désolé d'afficher mon pessisimisme quant à la question, mais un trader me disait - dans un langage assez vulgaire d'ailleurs - que si Paris en faisait trop avec la réglementation, il irait à la City de Londres continuer son activité. C'est beau l'Europe, n'est-ce pas ?

"Il faut que tout change pour que rien ne change", Lampedusa


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9 août 2009 7 09 /08 /août /2009 10:16



Aujourd'hui, je tenais juste à réagir brièvement à une information qui fait beaucoup de bruit Outre-Rhin : un ouvrier a été licencié, le 5 juin, pour avoir rechargé la batterie de son téléphone portable et avoir pris des photos sur son lieu de travail. Son employeur, une fabrique d'emballages d'Oberhausen, dans la Ruhr, l'accusait d'avoir volé de l'électricité, soit un coût pour l'entreprise de 0,014 centime d'euro par chargement, a calculé un ingénieur... Heureusement que les médias se sont emparés de l'affaire puisque grâce à cela, mercredi 5 août, l'employeur de l'ouvrier est revenu sur le licenciement alors que la justice avait prévu de juger l'affaire en octobre.

En lisant les quotidiens allemands (et oui, je suis frontalier...), on découvre que la plupart des juges donnent raison aux employeurs en se référant au jugement "Bienenstich" de 1984. Pour résumer, ce jugement concerné une vendeuse qui avait été licenciée après avoir mangé une pâtisserie nommée Bienenstich. Les juges la Cour fédérale avaient considéré qu'un simple vol, même minime, suffit pour congédier un salarié. Pourtant, les juristes allemands rappellent à l'envi que, la législation restant suffisamment vague sur cet aspect, les cours de justice auraient toute latitude pour statuer autrement...

Si j'admets volontiers que le vol est répréhensible et doit être sanctionné au sein d'une entreprise, je pense néanmoins que les sanctions doivent être appropriées. Manger une seule fois une pâtisserie doit-il vraiment être passible d'un licenciement pour faute lourde immédiatement ? De même, si recharger son téléphone portable est un vol d'électricité, alors je risque fort de me voir appliquer la même peine (comme bon nombre de mes collègues d'ailleurs...) : durant mes cours, j'utilise mon ordinateur portable pour projeter mes cours au format Powerpoint et je le branche sur le secteur. Je consomme donc de l'électricité à mon employeur... qui, je vous rassure, semble ne pas en prendre ombrage !

Je crois qu'il y a en ce moment un profond malaise au sein des entreprises qui risque de déboucher sur une fracture encore plus importante entre salariés et employeurs. En effet, d'un côté on punit très sévèrement des employés expérimentés (l'ouvrier en question avait 14 ans d'ancienneté dans l'entreprise...) pour des faits sans grande gravité, tandis que de l'autre on tolère couvre des écarts de conduite manifestement répréhensibles (différence de rémunération entre hommes et femmes, délit d'initié, bonus garantis,...). Certains oublieraient-ils que la cohésion au sein d'une entreprise est une condition sine qua non de la pérennité de cette dernière ? Les salariés ne doivent dès lors pas être vus comme une variable d'ajustement, mais bien comme une richesse comme le disait fort à propos Jean Bodin : "il n'est de richesses que d'hommes"...

Ce n'est donc pas tant un problème de justice judiciaire qui se pose, mais bien de justice social et plus précisément d'éthique !

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4 août 2009 2 04 /08 /août /2009 12:40

 



L'agriculture fait décidément beaucoup parler d'elle ces derniers temps ! D'un côté, le conflit entre producteurs et distributeurs de lait ne sait pas encore réellement apaisé, que déjà l'agriculture passe au problème suivant : les subventions versées par l'Etat.

De quoi s'agit-il cette fois ? Les producteurs français de fruits et légumes vont devoir rembourser les aides publiques versées par l'Etat entre 1992 et 2002, soit plusieurs centaines de millions d'euros, a affirmé lundi 3 août le ministre de l'agriculture. La Commission européenne estime en effet que ces aides ont faussé la concurrence au sein de l'Union européenne. Je rappelle, et c'est là le point fondamental, que l'Union européenne a été bâtie sur le principe du libre-échange et d'une concurrence parfaite (c'est beau de rêver...). Ainsi, l’article 110 du traité du traité de Rome signé en 1957 indiquait comme objectif le « développement harmonieux du commerce mondial, la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et la réduction des barrières douanières ». Et si vous aviez encore un doute sur le libéralisme économique dogmatique qui anime les gens de la Commission européenne, repensez à ces propos de Mario Monti : "Dans la mesure où le jeu de la concurrence apporte aux citoyens européens une amélioration  de leur qualité de vie et de leur pouvoir d’achat, ils sont en droit d’attendre que la Commission européenne et les juridictions ou autorités de concurrence nationales s’attaquent aux entraves à la concurrence et défendent ainsi leurs intérêts"... Au vu de la réalité ces dernières années, de tels propos relèvent désormais plus de l'incantation de la folie que du rêve !

Revenons-en à nos producteurs de fruits et légumes. En fait, ces aides - 500 millions d'euros - ont été versées collectivement, via les comités économiques, des organisations rassemblant des producteurs et par l'Oniflhor, l'Office national interprofessionnel des fruits, légumes et horticulture, établissement public rattaché au ministère de l'agriculture. La Commission européenne exerçant un contrôle exclusif sur les aides d’État versées par les autorités publiques des États membres, a considéré que ces aides, en favorisant certaines entreprises, risquent de causer un préjudice à leurs concurrentes des autres États membres. Elle est donc fondée à en demander le remboursement, même si des marges de négociation - dont on ne parle pas beaucoup -  existent.

Ces marges sont implicitement reconnues par le rapport que la Commission a rédigé, puisqu'à l'article 86 on peut y lire que : "dans l'hypothèse où la France rencontrerait des difficultés imprévues lors de la récupération, il y a lieu de rappeler qu'elle peut soumettre ces problèmes à l'appréciation de la Commission. La Commission et l'État membre doivent, dans un tel cas, conformément au devoir de coopération loyale, exprimé notamment à l'article 10 CE, collaborer de bonne foi en vue de surmonter les difficultés dans le plein respect des dispositions du traité et notamment de celles relatives aux aides". Le 28 janvier, la Commission européenne avait d'ailleurs réévalué la somme réclamée demandé à environ 330 millions, ce qui reste faramineux... Il n'en reste pas moins vrai que si l'Etat veut récupérer ne serait-ce qu'une partie de cette somme, on assisterait alors à une mobilisation certainement très forte de la profession comme l'a rappelé très vigoureusement Jean-Michel Lemétayer, président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA).

Pour ma part, je trouve que cette sortie de notre ministre "je fais preuve de courage politique " est absolument mal venue. En effet, le vrai courage politique n'est-il pas de chercher à sauver son économie ? Pour parler plus économiquement, n'est-il pas rationnel de la part d'un Etat de donner une préférence nationale d'autant plus que celle-ci débouchera souvent sur un retour politique tout aussi rationnel aux prochaines élections ? Loin de moi tout égoïsme ou individualisme exacerbé. Je serais le premier partisan d'une Europe libre (économiquement...) si tous les pays jouaient le jeu de la libre-concurrence. Or, force est de constater qu'un bon nombre d'entre-eux jouent les passagers clandestins voire même, font cavalier solitaire comme nos amis d'Outre-Rhin (pensez à la TVA sociale notamment...) et ce, au détriment des autres membres de l'Union européenne. Christian Saint-Etienne, professeur titulaire de la chaire d'économie industrielle au Conservatoire national des arts et métiers, professeur à l'université Paris-Dauphine et membre du Conseil d'analyse économique (CAE), a d'ailleurs récemment rappelé que la zone euro n'est pas une zone monétaire optimale, et qu'au lieu d'accroître la coopération entre les pays membres, les disparités et les rivalités s'aggravent.

De plus, comment croire que Bruxelles n'ait pas été informée de l'octroi de ces aides. Au surplus, sur quelle base demanderait-on aux producteurs de rembourser des aides collectives qui ont été accordées par décision d'Etat ? Chacun comprendra que l'on se retrouve face à un magnifique imbroglio juridco-politique ! Enfin, on ne peut s'empêcher de penser à toutes ces subventions, plus ou moins travesties, que les Etats ont accordé à certaines de leurs industries ces dernières années et que la Commission européenne a validé au titre de la dérogation pour intérêt communautaire...

N.B : pour la culture, je rappelle que les Etats-Unis ont en 2002, adopté une loi d’aide à l’agriculture (la célèbre Farm Bill) augmentant les subventions de près de 80 % sur dix ans. Rien que ça...

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31 juillet 2009 5 31 /07 /juillet /2009 12:07




Petit retour en arrière : le 3 avril 2003, Gilles de Robien, alors ministre de l’équipement, présentait le nouveau dispositif en faveur de l’investissement locatif. Ce qui allait devenir la célèbre loi Robien était basée sur le constat suivant qu'avait fait le ministre : "il est urgent de rendre le marché locatif plus accessible à tous les Français quel que soit le lieu. C’est la condition même du développement harmonieux de nos agglomérations, du maintien de leur attractivité économique". En ce temps on ne parlait pas encore de la France des propriétaires...

Quels étaient les grandes lignes de ce dispositif d'investissement ?

Le dispositif de Robien visait à soutenir l'investissement locatif dans le neuf grâce à un allègement d'impôts, à condition pour le propriétaire de louer le logement vide, à titre de résidence principale, pendant au moins neuf ans. Le loyer, fixé par décret et réévalué chaque année au 1er janvier, était soumis à un plafonnement différent selon la zone géographique du logement. L'avantage fiscal de la Loi Robien consistait initialement en un amortissement égal à 8 % du coût d'acquisition du logement neuf pour les 5 premières années. Et ensuite 2,5 % par période de 3 ans et cela pour 6 ans maximum. Après 15 ans, vous pouviez amortir jusqu'à 65 % du prix de revient de votre bien...

Résultat des courses ?

En soi, l'idée était bonne... sauf que certains promoteurs ne se sont pas gênés pour en abuser : on a ainsi rapidement vu fleurir des constructions et ventes de logements surévalués, porteurs de malfaçons, placés dans des zones peu attractives. Pour donner quelques chiffres, rappelons qu'entre 2003 et 2008, près de 350 000 logements ont été construits pour être vendus dans le cadre du dispositif Robien, selon une estimation du Crédit foncier. L'offre locative devint ainsi rapidement supérieure à la demande dans une soixantaine de villes de plus de 50 000 habitants, notamment Dijon, Le Mans, Perpignan, Mulhouse, Valence ou Clermont-Ferrand.

Ne trouvant pas de locataires et ne pouvant revendre à bon prix, beaucoup de petits investisseurs sont dans des situations délicates car ils ont perdu l'avantage fiscal. Ils viennent donc grossir un peu plus la liste des surendettés à qui on a promis la lune (mars c'est pour bientôt paraît-il). 

Arrive alors en 2006  Zorro sur son cheval blanc le ministre de la Cohésion Sociale Jean-Louis Borloo, qui a modifié les dispositions de l'amortissement Robien pour l'adapter à la demande de logements et éviter les abus de certains promoteurs (avec le peu de succès que l'on sait). Les modifications portent sur le dispositif fiscal d'amortissement du bien et sur un découpage plus précis de la France entrainant la création d'une 4e zone. Le régime Robien devient dès lors le « Robien recentré » : le changement dans la continuité en somme !

La loi Scellier


Comme le souligne fort bien le site Empruntis, "Au même titre que les lois Borloo et Robien, la loi Scellier est un dispositif défiscalisant permettant aux contribuables d’alléger leur assiette fiscale tout en se constituant un patrimoine immobilier. Concrètement, le nouveau dispositif s’adresse aux contribuables domiciliés en France se portant acquéreurs, entre le 1er janvier 2009 et le 31 décembre 2012, d’un bien immobilier neuf ou en Vefa (vente en l’état futur d’achèvement). L’achat de ce bien leur permettra de bénéficier d’une réduction d’impôt de 25 % du prix du logement destiné à être loué, à hauteur de 300 000 €. À compter de 2011, la réduction d’impôt sera ramenée à 20%. Cerise sur le gateau, si la réduction fiscale accordée pour une année est supérieure à l’impôt sur le revenu dû pour cette même année, le contribuable pourra imputer la différence sur le montant dû au titre des six exercices suivants. Ce dispositif est appelé à se substituer à ceux cités plus haut (les dispositifs Robien et Borloo étant vouées à disparaître à la fin de l’année 2009)".

La martingale immobilière?

Pas si sûr... Le Crédit Foncier vient en effet de 
publier une étude complète sur les risques concernant les investissements locatifs en loi Scellier. Le quotidien Les Echos résume bien la situation : "Les garde-fous voulus par le gouvernement pour éviter au Scellier les mêmes excès que le Robien n'ont pas été mis en place. les risques de déconvenues sont réels, selon une étude réalisée par le Crédit Foncier".

Pour résumer, cette étude du Crédit Foncier pointe les problèmes suivants des investissements en Scellier :

* Presque partout, les plafonds de loyers du régime Scellier sont nettement supérieurs aux loyers de marché pratiqués dans la région concernée ! Pour les logements de trois pièces et plus, les plafonds sont 5 % à 35 % au-dessus du loyer de marché en seconde couronne d'Ile-de-France (zone A), par exemple, ou encore 30 % à 40 % de plus dans le Nord-Pas-de-Calais, le record étant de 45 % à 70 % au-dessus du marché dans la zone A des Alpes.

* Le taux de rendement locatif brut dans le neuf ressort entre 4 % et 5 % (souvent 4,5 %), mais la rentabilité globale, en intégrant l'évolution de la valeur du bien, est nulle depuis un an pour nombre de villes, voire négative (cas de Bordeaux et Toulouse). Comme je suis Mosellan, je précise que d'ici à juin 2010, le Crédit Foncier prévoit une
rentabilité négative de 4 % environ pour Forbach...

* Enfin, l'étude publie une cartographie régionale des risques de l'investissement en Scellier (au sens de besoin locatif nul ou insuffisant). Pour les connaisseurs, 90 % d'entre elles se trouvent en zone B2, 10 % sont en B1 et l'une, Annemasse, se situe même en zone A ! Vous trouverez cette carte ci-dessous :



                 [ Source : Etude Crédit Foncier 2009 ]

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28 juillet 2009 2 28 /07 /juillet /2009 18:27

 



Un journaliste de Mediapart m'a contacté dans le cadre d'un article qu'il cherchait à écrire sur les liens entre les indices boursiers et l'économie réelle. Plus précisément, il cherchait à connaître mon avis sur la hausse quasi-ininterrompue de l'indice CAC 40 depuis 10 jours (voir graphique ci-dessous) et ses possibles significations économiques : s'agirait-il, comme semble le dire certains politiques, d'une embellie de l'économie voire carrément d'un signe de reprise ?

 

[ Cliquer pour agrandir / Source : Boursorama.fr ]

Pour ma part, cette hausse des cours n'a que peu de significations économiques : les stratégies employées par les gestionnaires de fonds et les hasards de calendrier (publications de chiffres trimestriels par certaines sociétés du CAC 40, jour de liquidation,...)  expliquent une bonne partie de la hausse indépendamment de l'amélioration du contexte économique. Le débat n'est d'ailleurs pas nouveau : depuis nombre d'années les économistes pointent du doigt cette divergence entre évolution des indices boursiers et santé de l'économie globale. Dans le meilleur des cas, les indices boursiers peuvent éventuellement refléter un jugement sur la compétitivité des sociétés de l'indice... Je vous laisse découvrir
l'article publié en ligne (la consultation intégrale est payante...).

Pour ceux qui ne connaissent pas Mediapart, rappelons qu'il s'agit d'un journal d'information numérique, indépendant et participatif.  Il réunit quelques grands noms du journalisme (Martine Orange, Laurent Mauduis,...) autour d'une entreprise journalistique présidée par Edwy Plenel, ancien directeur de la rédaction du journal Le Monde.

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24 juillet 2009 5 24 /07 /juillet /2009 13:59

 



Tout le monde connaît le célèbre adage : "quand le bâtiment va, tout va". Or, c'est un euphémisme de dire que, depuis le début de la crise, le secteur du bâtiment va très mal ! Pour en rendre compte par les chiffres, l'INSEE dispose de plusieurs moyens. Nous nous limiterons ici à l'enquête trimestrielle qu'effectue le département de la conjoncture de l’INSEE auprès d'un échantillon de 1 500 entreprises artisanales du bâtiment. Le champ de l’artisanat du bâtiment retenu concerne les entreprises de moins de 11 salariés (hors activité de travaux publics). La plupart des questions sont qualitatives et portent sur l'ensemble des activités des entreprises : tendance de l'activité, situation financière, évolution de l'emploi dans l'entreprise, opinion sur l'activité générale du bâtiment. A la plupart des questions sont associées trois possibilités : tendace stable, à la hausse (+), à la baisse(-). Pour ceux qui aiment le jargon, on appelle cela des questions qualitatives trimodales.

Les résultats sont présentés sous forme de soldes d’opinion, différences entre le pourcentage de réponses "en hausse" (+) et le pourcentage de réponses "en baisse" (-). Il y a aussi quelques retraitements statistiques pour tenir compte de la taille de l'entreprise (les possibilités d'embauches sont par exemple plus faibles dans une toute petite entreprise qui ne fait que très peu de chiffre d'affaires) et éliminer les variations saisonnières. L’interprétation des séries doit se faire en privilégiant toujours l’évolution d’une série sur plusieurs trimestres. Toutefois, si l’on veut essayer de qualifier son niveau, la référence doit toujours être la moyenne de longue période de la série.

Une fois fixée la méthodologie, passons à l'étude des chiffres de la dernière enquête publiée par l'INSEE le 24 juillet. Ne tournons pas autour du pot, selon les artisans du bâtiment interrogés en juillet 2009, la conjoncture reste morose. Le repli de l’activité s’est à nouveau intensifié sur la période récente. La contraction serait d’une ampleur identique au cours des trois prochains mois, au vu des anticipations des entrepreneurs. En outre, l'emploi se contracterait encore dans les prochains mois, même si, selon les artisans, la contraction de l’emploi s’est légèrement atténuée sur la période récente. Enfin, les difficultés de recrutement perdurent dans plus d’une entreprise sur trois comme en témoignent les réponses à la question : "Eprouvez-vous des difficultés de recrutement ?".

Vous trouverez ci-dessous un graphique présentant l'évolution de l'activité dans l'artisanat du bâtiment (en % des soldes d'opinion, CVS = correction des variations saisonnières) :

 

[ Source : INSEE - Enquête trimestrielle dans l'artisanat du bâtiment - n° 203, juillet 2009 ]

En complément, selon les entrepreneurs interrogés en juillet 2009, la conjoncture reste tout autant dégradée dans la construction immobilière. Quant à l’opinion des ménages sur le niveau de vie passé et futur en France, celle-ci se dégrade en juillet. Les ménages sont aussi plus nombreux à penser que leur situation financière s’est détériorée au cours des douze derniers mois et considèrent toujours peu opportun de faire des achats importants.

La sortie de crise n'est donc pas encore en vue... sauf pour Christine Lagarde qui s'accroche à son chiffre de la consommation en produits manufacturés des ménages (hausse de 1,4 % en juin). Rappelons à Miss économie que la consommation en produits manufacturés est plutôt erratique depuis le début de l'année et que le chômage pandémique que nous connaissons risque fort de peser sur la consommation tôt ou tard ! Surtout lorsque la prime à la casse sociale prendra fin... Enfin, bâtir une croissance uniquement sur la consommation à un moment ou les salaires sont si bas, revient à vouer un culte au veau d'or du crédit. Cela me rappelle d'ailleurs un pays où presque tout le monde a pu devenir propriétaire et consommer à crédit, au point d'en devenir un modèle jusqu'en 2008. Mais comment s'appelait donc ce pays ?

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20 juillet 2009 1 20 /07 /juillet /2009 10:44



Le n-ième (n>50) chantier politique de la rentrée sera consacré à la réforme des collectivités locales. Souvenez-vous, c'était le 22 octobre 2008. Notre omniprésident et sa Cour créent par décret un comité pour la réforme des collectivités locales présidé par Edouard Balladur. Ce texte réglementaire précise que ce comité "est chargé, conformément à la lettre du Président de la République annexée au présent décret, d’étudier les mesures propres à simplifier les structures des collectivités locales, à clarifier la répartition de leurs compétences et à permettre une meilleure allocation de leurs moyens financiers, et de formuler toute autre recommandation qu’il jugera utile".

Voilà pour une fois une bonne initiative, à condition qu'elle soit menée à terme ! En effet, comme j'ai eu l'occasion de la dire sur ce blog, je me suis occupé de la formation de certains élus municipaux et je passais beaucoup de temps à expliquer le millefeuille qui compose notre paysage administratif. Je commençais par présenter les institutions européennes (
notamment le parlement européen comme dans cet article) et ensuite je zoomais sur le France en expliquant la décentralisation : conseil régional, conseil général et enfin commune, cette dernière étant vue comme l'échelon minimal et essentiel à la vie sociale. Bien entendu, j'évoquais également les cantons et les EPCI. Tout cela pour dire qu'au bout de 3h, même avec mon proverbial humour, les personnes présentes finissaient par ressentir un malaise face au nombre d'échelons de décision et à la complexité des relations qui s'y nouaient. C'est donc en partie pour compléter mes propos que j'écris cet article aujourd'hui. Du reste, la structure administrative ayant un impact sur les performances économiques des entreprises, il n'est pas inutile d'en comprendre les tenants et aboutissants pour un économiste.

Simplifier ce millefeuille administratif afin de le rendre lisible et efficace ? C'est précisément la mission de la commission Balladur. Hier soir,
le quotidien 20 Minutes a justement publié sur son site Internet les premiers éléments de l'avant-projet de loi qui a été rédigé à  partir des recommandations formulées par l'équipe Balladur.

Qu'en ressort-il ?

* Il est préconisé de créer des élus d’un nouveau genre (rassurez-vous, pas suite à une
cryogénisation...) : les conseillers territoriaux. Elus pour six ans, ils siègeraient "à la fois au conseil général de leur département d’élection et conseil régional de leur département", explique le texte. Cela permettrait de réduire le nombre d'élus et nécessiterait donc de repenser la notion de canton qui risque probablement de passer à la trappe. Mais comme la France a toujours su résoudre noblement ses conflits politiques, ces élus locaux passionnés par leur mandat et par l'indemnité afférente, se verront offrir des compensations financières pour éviter leur courroux... En ce qui concerne les modalités d’élection de ces conseillers territoriaux, rien n'est fixé pour l'instant d'après ce document. Seule certitude, l'élection de tous les conseillers généraux aura lieu en même temps contrairement à ce qui prévaut actuellement où le mandat est de six ans avec un renouvellement de moitié tous les trois ans.

En soi c'est une bonne chose si cela peut permettre de diminuer le record d'élus que nous détenons : 497 200 élus communaux pour 36 700 communes, 1 880 conseillers régionaux pour 22 régions et 4 037 élus cantonaux pour 97 départements. Non pas que je critique ces chiffres dans l'absolu, car au fond, plus il y a d'élus mieux devrait se porter la démocratie. Malheureusement, il n'en est rien comme chacun a pu le vérifier au moins une fois dans sa vie : les procédures de décision sont lentes, souvent inefficaces et parfois conduisent à l'inverse de la finalité espérée. De plus, les luttes politiques inter- (ou intra-) collectivités (et si, ça existe...) n'améliorent absolument pas la lisibilité de l'action entreprise. Ce qui m'amène à être dubitatif quant à la possibilité pour un élu de siéger dans deux assemblées territoriales pouvant avoir des "vues" différentes sur un sujet : en Lorraine l'exemple a été donné par les luttes entre le Conseil régional et général pour choisir la gare d'interconnexion TGV... alors imaginez-vous être élu dans ces deux assemblées !

* Un nouvel échelon territorial serait créé : la métropole. Elle aurait vocation "à se substituer, sur son territoire, au département dont elle reprendrait les compétences", explique un des exposés des motifs. Mais uniquement dans les  agglomérations de plus de 500 000 habitants. Ainsi, une partie des fonctionnaires rattachés au département dépendraient de la métropole. Le texte va même plus loin en proposant que la métropole remplace aussi la communauté urbaine, dont elle conserverait les attributions. Elle pourrait même "exercer tout ou partie" des compétences d’une commune si cette dernière le souhaite. La métropole peut également, en cas d’accord avec la région, se substituer à celle-ci sur son territoire. J'attends avec impatience de connaître la région qui acceptera de perdre de son influence...

* Il serait également possible pour deux départements ou deux régions de fusionner. En ligne de mire, la Normandie depuis le discours de Nicolas Sarkozy du 27 novembre 2008 et cette célèbre apostrophe : "Il y a deux Normandie, on les aime, mais en faut-il deux?".

Petit résumé visuel avec cette infographie issue du site lemonde.fr (cliquer sur l'image pour l'agrandir) :


                       [ Source : lemonde.fr ]

En définitive, c'est l'échelon départemental qui subira les plus grandes modifications, puisque le texte indique que les Conseils généraux ne seraient consultés que "pour avis" sur la création des métropoles. Seuls les élus municipaux, ou " le représentant de l'Etat dans le département ", pourraient engager la procédure de passage au statut de métropole (au moins la moitié des communes, représentant plus de la moitié de la population, doit se prononcer en faveur de la création de la nouvelle collectivité). C'est une manière plus subtile de réformer les Conseils généraux que de prononcer leur suppression pure et simple comme le préconisait la commission pour la libération de la croissance française dirigée par Jacques Attali.

A présent, le texte va certainement être modifié et complété avant d'atterir au conseil des ministres à la fin du mois de juillet. Il devrait ensuite être présenté au Parlement avant fin septembre pour une franche partie d'empoignade...


N.B : je n'ai pas parlé du projet nommé Grand Paris sous peine d'alourdir encore ce billet et de le rendre véritablement indigeste !

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15 juillet 2009 3 15 /07 /juillet /2009 12:23

 



Voilà certainement les conséquences les plus redoutables d'une crise : les licenciements massifs. J'ai déjà eu l'occasion d'en parler souvent sur mon blog notamment ici et . Mais ce que les pouvoirs publics négligent allégrement est le fait que certains salariés vivent ces situations comme un déni de leur droit social - et fondamental ! - à travailler. Dès lors, il n'y a rien d'étonnant à ce que l'on arrive à des réactions extrêmes comme chez New Fabris ou Nortel.

Petit rappel des faits :

* L'usine de Châtellerault appartient à l'équipementier automobile New Fabris. Le 16 juin dernier, l'usine a été liquidée et s'est ensuivi l'annonce du licenciement de l'ensemble des 366 salariés. Depuis, ces derniers cherchent à obtenir une indemnité de licenciement de 30 000 euros sachant que leurs chances de retrouver du travail à Châtellerault (36 000 habitants) sont quasi nulles : l'industrie locale devrait en effet perdre 2 400 emplois en 2009, selon le quotidien La Nouvelle République... Alors pour se faire entendre, les salariés menacent de faire sauter leur usine s'ils n'obtiennent pas gain de cause avant le 31 juillet. Réponse du ministre de l'industrie et également motodidacte, Christian Estrosi : "[Je ne discuterai pas] sous le coup de la menace. Si les salariés continuent, je ne les recevrai pas". Le ministre pratique visiblement une forme de communication sociale déjà testée à Nice avec la Police à même de calmer les esprits...

* A Châteaufort, dans les Yvelines, Nortel France SA, filiale française de l'équipementier en communication canadien et centre de recherches sur les technologies sans fil, a été placée en liquidation judiciaire le 28 mai. En l'absence de reprise des activités de Nortel France SA, l'ensemble des 683 employés devraient être licenciés. Ceci explique que depuis quelques jours, des salariés grévistes de Nortel menacent de faire sauter leur entreprise avec des bouteilles de gaz s'ils n'obtiennent pas une indemnité de licenciement. Réponse cette fois de Xavier Darcos, transfuge de l'Education Nationale : "On va se parler, on va trouver des solutions qui ne demandent pas de passer par des violences extrêmes". "Mais en revanche, je ne saurais comprendre que l'on veuille régler cette difficulté par une position de desesperado, par une violence incroyable"...

Toutes ces menaces rappellent évidemment le cas de la filature Cellatex de Givet dans les Ardennes. Celle-ci avait été mise en liquidation judiciaire en juillet 2000. Face au refus de la direction de négocier leurs conditions de départ, les 153 salariés du site avaient déversé de l'acide sulfurique dans la Meuse et menacé de faire exploser une cuve contenant 56 000 litres de ce dangereux produit. Ce n'est qu'après l'intervention des pouvoirs publics que les salariés de Cellatex avaient obtenu gain de cause par un subtil montage financier.

 

Que dire de tout cela ? Tout d'abord, lorsqu'on en arrive à une telle extrémité il y a forcément de la rancoeur qu'on a laissé se développer trop longtemps. Les salariés se sont impliqués pendant des années dans leur entreprise et, comme le dit le ministre du travail en personne, "cet investissement aboutissant à cet échec suscitent chez eux une très grande frustration". Il oublie de préciser que dans le cas de Nortel par exemple, les salariés ont la désagréable impression que leur sort a été joué dans le Nord de l'Amérique sans consultation. Et que le désespoir qui envahit les ouvriers de Fabris est aussi dû à une prise de conscience générale : que peuvent les pouvoirs publics pour l'emploi (à part aider à négocier un peu d'argent) lorsque l'économie semble dicter ses lois à la politique ? La preuve en est d'ailleurs donnée par leurs revendications : elles ne portent pas sur la sauvegarde de l'emploi mais sur une indemnité de licenciement.

Les salariés semblent ainsi avoir déjà assimilé ce que d'aucuns qualifient de réalisme économique et que je préfère appeler simplement ruine sociale : lorsque l'économie va mal, les salariés deviennent une variable d'ajustement conformément à de prétendues lois du marché. Or tout ceci n'est que mystification ! L'Etat peut - et doit  - reprendre la main en économie s'il ne veut pas que le marché du travail ne devienne un grand casino où les salariés passeraient leur carrière à miser sur le mauvais numéro !

En définitive, n'en déplaise aux partisans de la flexibilité totale, le marché du travail ne sera jamais un marché comme les autres, tout simplement parce que les salariés ne sont pas une marchandise ! A bon entendeur, salut...

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9 juillet 2009 4 09 /07 /juillet /2009 14:13

Chez EDF ça commence visiblement ainsi :


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Souvez-vous : il s'agissait de prêter de l'argent à EDF en achetant des obligations de la société entre le 17 juin et  10 juillet rémunérées 4,5 % brut par an pendant 5 ans pour un nominal de 1 000 euros. Rappelons, à tout hasard, que si vous avez encore une quelconque confiance dans le système de notation financière, alors ce placement était loin d'être le meilleur de sa gamme : l'emprunt obligataire EDF était notée A+  tout comme celui de Swiss Ré. Sauf que ce dernier rapporte 6,1 % sur le même horizon... Il y a d'ailleurs des obligations d'Etat, mieux notées mais sur une durée plus longue qui rapportent plus. Il n'empêche, l'opération fut un tel succès que le placement s'est achevé le lundi 6 juillet (avec 4 jours d'avance donc !), ce qui a permis à l'électricien de collecter 3,2 milliards d'euros auprès de 251 000 souscripteurs. Et en moyenne, les Français ont acheté pour 12 700 euros de titres ! Certains médias se sont sentis obligés d'appeler cela du "patriotisme économique" ou même "un retour à l'intérêt général"... Que ne faut-il pas entendre en période de crise ! Et si tout simplement les investisseurs étaient à la recherche d'un placement national rémunérateur et rassurant à leurs yeux ?


Cela se poursuit de la sorte, ce qui est bien le minimum au vu des chiffres évoqués précédemment :


                            [ Cliquer pour agrandir ]


Et se conclut ainsi sur la facture d'électricité :



Pierre Gadonneix, PDG d'EDF, a en effet déclaré dans un entretien publié mercredi sur le site Internet de l'hebdomadaire Paris Match (décidément, c'est devenu un magazine très économico-politique...) : "Pour cesser de nous endetter, il faudrait une hausse de 20 % des tarifs. Mais elle peut s'étaler sur trois ans, par exemple, ou même un peu plus". Et il prend ensuite un ton comminatoire pour nous annoncer que "si nos tarifs n'augmentent pas, l'an prochain EDF réduit ses investissements". Depuis, c'est une volée de bois vert qui s'abat sur le président d'EDF : d'un côté l'entreprise emprunte et remercie chaleureusement les investisseurs, de l'autre elle annonce vouloir augmenter le prix de l'électricité à un moment où le pouvoir d'achat a pris une hauteur élyséenne... C'est certainement l'effet Kiss cool :



Petit rappel tout de même : EDF et l'Etat ont signé en octobre 2005 un contrat de service public. Il garantit jusqu'en 2010 une augmentation des tarifs de l'électricité qui ne peut dépasser le niveau de l'inflation pour les particuliers. Au sujet de l'investissement, EDF prévoit d'investir 7,5 milliards d'euros en France en 2009, soit 2,5 milliards de plus qu'en 2008 et 4 milliards de plus qu'en 2007. De plus, l'endettement d'EDF a explosé ces dernières années (24,5 milliards d'euros à fin 2008 contre 16,3 milliards à fin 2007) avec une série d'acquisitions plus ou moins malheureuses à l'étranger (British Energy, Constellation,...).

En définitive, s'il paraît sensé de penser que le tarif régulé doit tenir compte de nombreux paramètres tels que l'inflation ou l'investissement notamment, je trouve indescent de vouloir augmenter dans cette proportion les prix en plein marasme économique. Et ce d'autant plus que la société EDF vient de faire appel aux particuliers pour obtenir des capitaux après une politique d'achat à l'étranger que l'on peut qualifier de hasardeuse...

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3 juillet 2009 5 03 /07 /juillet /2009 12:27



Je reviens juste de mes pérégrinations parisiennes qui m'ont conduit à participer au jury d'admission d'une grande école d'ingénieurs comme je vous l'avais dit. S'il y a bien quelque chose que je retiens de ces journées, c'est le nombre de fois où l'on m'a cité la grippe A comme événement de l'actualité. Même à la gare de l'Est j'ai eu le droit à la phraséologie sanitaire officielle : "si après votre voyage vous avez de la fièvre...". L'information a en effet été renforcée dans les gares et les aéroports français à la suite du passage au niveau 6 d'alerte (pandémie) pour la grippe A, décidé par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) le 11 juin 2009.

Je souhaiterais juste faire quelques remarques à ce sujet : le niveau 6 (pandémie) n'a été atteint, à ma connaissance, que trois fois au cours du XXe siècle :

* En 1918-1919, la grippe espagnole a fait de 50 à 100 millions de morts à une époque où vaccins, antiviraux et antibiotiques capables de traiter les infections secondaires n'existaient pas.

* En 1957, la grippe asiatique a fait 4 millions de morts.

* En 1968, la grippe de Hongkong a fait 2 millions de morts.

Qu'en est-il de la grippe A actuelle ? Selon le dernier bilan publié mercredi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le virus H1N1 de la grippe porcine a contaminé 77 201 personnes dans 120 pays et territoires, et fait 332 morts. Certes, c'est une tragédie pour les proches de ces personnes. Mais ce chiffre justifie-t-il la panique actuelle lorsqu'on sait, à titre de comparaison, que la grippe saisonnière est à l'origine, chaque année, de 3 à 5 millions de cas graves et de 250 000 à 500 000 décès, selon l'Institut Pasteur ?

En creusant un peu, on comprend que certains laboratoires pharmaceutiques viennent de sauver leur chiffre d'affaires annuel avec les commandes de Tamiflu et de Relenza, deux médicaments qui traitent plus ou moins bien les virus de la grippe (encore que de nombreux spécialistes nuancent leur efficacité...). Ainsi, la laboratoire Roche, peut enfin écouler ses stocks qui datent de la grippe aviaire de 2005 : d'après l'Humanité, en France, une boîte de Tamiflu de 75 mg (dose adulte) en gélules est vendue directement par le fabricant aux hôpitaux au prix de 17,87 euros (24,85 euros en pharmacie). Sachant que la France a passé commande pour 24 millions de traitements - auxquels s’ajoutent 9 millions de Relenza, l’autre antiviral, produit par le laboratoire britannique GlaxoSmithKline - on peut estimer que le coût total de Tamiflu s’élèverait à 428 millions d'euros ! Petit rappel : la même boîte valait 7,70 euros en 2006...

Il en est de même des vaccins contre le virus de la grippe A. Les différentes annonces péremptoires sur la nécessité de vacciner toute les population d'un pays contre le virus H1N1 (dès que le vaccin sera disponible !), explique certainement aussi pourquoi, bien que la crainte d’une pandémie avait fait reculer les Bourses européennes, les valeurs pharmaceutiques continuaient à grimper... Et depuis, c'est véritablement la course à la création de vaccins qui s'est engagée : Sanofi Pasteur a ainsi reçu une commande de vaccins émanant des États-Unis pour un montant de 136 millions d’euros, tout comme le britannique GlaxoSmithKline (GSK), pour une commande d’un montant de 130 millions d’euros. La France a même pris une option pour sur 50 millions de doses auprès de GSK, et négocie avec Sanofi Pasteur et Novartis pour l'achat de 50 millions de doses supplémentaires. Le suisse Novartis a semble-t-il pris de l'avance sur ses concurrents et a déjà reçu des commandes de plus d’une trentaine de gouvernements d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord (206 millions d’euros ont d'ailleurs été fournis par le ministère de la Santé américain).

En définitive, sans minimiser pour autant cette épidémie, il n'en demeure pas moins vrai qu'il est indispensable de prendre un peu de champ par rapport à cette question pour la replacer notamment dans son contexte économico-politique.


N.B : pour l'instant ça va, je suis vivant encore...

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