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8 avril 2014 2 08 /04 /avril /2014 10:41

Millefeuille-collectivites.png

 

Juste avant mon billet du 1er avril consacré à une invraisemblable hausse des salaires, j'ai profité des élections municipales pour donner quelques éléments de réflexion concernant les collectivités locales. Mes principales conclusions étaient qu'il fallait d'urgence rationnaliser les compétences et revoir la clause générale de compétence, qui débouche souvent sur des doublons et une grande inefficacité des dispositifs lorsque plusieurs collectivités se saisissent de la même compétence.

 

En effet, il y d'une part les 36 786 communes, 101 départements et 26 régions :

 

Competences-copie-1.jpg

[ Source : gouvernement.fr ]

 

Et d'autre part les groupements de collectivités territoriales, qui pullulent depuis la loi de juillet 1999 : syndicat intercommunal, communauté de communes, communauté de villes, communauté urbaine, communauté d'agglomération.

 

Intercom.jpg

[ Source : Le Monde ]

 

L'idée centrale qui a présidé à cette multiplication des collectivités est la décentralisation, c'est-à-dire le processus d’aménagement du territoire français qui consiste à transférer des compétences administratives de l’Etat vers des collectivités territoriales. Ce transfert devait en théorie s'accompagner des ressources correspondantes, mais souvent c'est là que le bât blesse... 

 

Pourtant, l'Alsace avait cherché à montrer qu'une alternative était possible en soumettant à référendum la création d'une collectivité unique pour l'Alsace, c'est-à-dire réunir le conseil régional et les conseils généraux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin en un seul conseil d'Alsace uni. Mais l'échec cuisant a achevé de démontrer que les intérêts politico-politiques restent très forts au niveau des collectivités territoriales...

 

Rappelons enfin que la politique d'austérité menée par le gouvernement afin de trouver 50 milliards "d'économies" pour financer entre autres son pacte de responsabilité (dont j'ai parlé dans ce billet et dans cette tribune), semble se concentrer de plus en plus sur les collectivités territoriales dont on ne cesse de ressasser qu'elles pèsent 20 % de la dépense publique. On "oublie" juste de dire également que les collectivités territoriales sont à l'origine de près de 70 % des investissements publics !

 

Le nouveau gouvernement de Manuel Valls s'apprête d'ailleurs a gardé le cap vers les récifs, comme en témoignent ses "pistes d'économies" : selon le quotidien les Échos, l'État participerait à hauteur de 17 milliards d'euros, la Sécurité sociale 23 milliards et les collectivités locales 10 milliards d'euros.

 

Depenses-publiques.jpg

[ Source : Les Échos ]

 

Dans les grandes lignes, il est question :

 

 * pour l'État : de geler les dépenses en valeur, réaliser 1 milliard d'euros d'économie sur le budget de l'emploi (en période de crise avec un chômage aussi important, on craint le pire...), geler le point d’indice des fonctionnaires, baisser de 3 milliards d'euros la dotation aux opérateurs de l’État (le CNRS et Météo France risquent de déguster...), baisser de 10 milliards d'euros sur trois ans la dotation de l'État aux collectivités

 

 * pour les collectivités : de supprimer notamment la clause générale de compétence (acte 2, scène 29) et d'encourager la mutualisation des services entre collectivités

 

 * pour la Sécurité sociale : de poursuivre notamment la restructuration des hôpitaux, la hausse de la prescription de génériques, et de raboter encore une fois les prestations familiales (sujet dont j'ai parlé sur France Bleu Alsace).

 

En pratique, suite à la déclaration de politique générale de Manuel Valls, la feuille de route est la suivante :

 

 

Après tout cela, vous comprenez pourquoi j'ai consacré ma chronique du lundi sur Mosaïk TV (journal du lundi 07 avril, 22e minute environ) aux collectivités locales :

 

Mosaik-7-avril-2014.jpg

[ Cliquer sur l'image pour voir la vidéo sur le site de Mosaïk ]


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1 avril 2014 2 01 /04 /avril /2014 10:12

Salaires-2015-2017.jpeg

Les derniers chiffres de la productivité globale des facteurs et de la productivité sont tombés. Ils nous permettent d'en déduire ce que l'on peut attendre du potentiel de production de la France pour les prochaines années, et en particulier pour la période 2015-2017.

 

Hausse de la productivité

 

Depuis quelques mois, on note enfin une nette amélioration de la productivité globale des facteurs de production, c'est-à-dire du rapport entre le volume de la production et l'ensemble des facteurs de production utilisés. Dit autrement, cette hausse traduit l'augmentation du progrès technique, technologique, et d'autre part l'amélioration de ce que les économistes appellent de manière bien malheureuse le capital humain (éducation, expérience des salariés).

 

En ce qui concerne les gains de productivité, l'INSEE estime qu'ils seront d'environ 7 % par an jusqu'en 2017.


Qu'est-ce que la croissance potentielle ?

 

Dans L’économie du XXe siècle (1961), l’économiste français François Perroux a proposé la définition suivante de la croissance : "augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues, chacune de ces périodes comprenant plusieurs cycles quasi décennaux, d’un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global net en termes réels". L'indicateur retenu est en général le PIB en volume.

 

La croissance potentielle, quant à elle, peut être définie comme celle réalisant le niveau maximal de production sans accélération de l'inflation, compte tenu des capacités de production et de la main d'oeuvre disponibles.


L'estimation de la croissance potentielle

 

Pour estimer la croissance potentielle, on peut soit utiliser une méthode basée sur la productivité globale des facteurs soit celle basée sur la productivité du travail. Dans les deux cas la croissance potentielle de moyen terme est en hausse, puisque d'une part nous venons de voir que la productivité globale des facteurs de production est en hausse, et d'autre part les gains de productivité sont d'environ 7 % par an sur la période 2015-2017.

 

Selon l'INSEE, qui estime la croissance potentielle en fonction de plusieurs scénarios (croissance de la productivité et de la population active), la croissance potentielle serait comprise entre 2,5 % et 4,4 % par an sur la période 2015-2017.

 

Or, j'ai souvent expliqué sur ce blog qu'une croissance de 1,5 % par an est le minimum nécessaire pour que l'économie française se remette à créer de l'emploi. Nous devrions donc pouvoir créer entre 400 000 et 600 000 emplois sur la période, hors effets du pacte de responsabilité.

 

Les salariés, quant à eux, devraient profiter partiellement de ces gains de productivité avec une hausse prévue de leur rémunération de 4,9 % par an.

 

Et dans les faits ?

 

Les lecteurs qui suivent régulièrement mon blog auront rapidement compris que le scénario évoqué plus haut était à mi-chemin entre les Trente Glorieuses et le délire furieux, et que jamais l'INSEE n'a publié de tels chiffres !

 

En effet, en raison des politiques néolibérales qui sont menées depuis trois décennies en Europe et en particulier en France, on assiste tout à la fois à une stagnation de la productivité globale des facteurs, des gains de productivité quasi nuls, une faiblesse des dépenses de R&D (recherche-développement), une désindustrialisation, une stagnation voire un recul de l'investissement des entreprises, une perte de capital humain suite au chômage élevé et de longue durée.

 

Bref, on assiste à une multiplication des facteurs ayant des conséquences négatives sur la croissance potentielle. Il ne faudra donc ni compter sur une croissance forte dans les prochaines années, ni  sur des hausses de salaires à 5 % par an (sic !). Et encore moins sur des créations soutenues d'emplois à ce rythme... Je sais c'est triste comme poisson d'avril, mais ça le serait encore plus s'il n'existait aucune alternative.

 

Or ce n'est pas le cas (voir ici ou ou encore ), mais on attend toujours que les politiques se décident à prendre le taureau par les cornes, tant en Europe qu'en France ! Mais il est tellement plus simple de nous expliquer que rien ne peut changer et qu'il faut faire avec...

 

poisson_d-avril.jpg

 

N.B : l'image de ce billet, qui est bien la seule qui corresponde à la réalité économique actuelle, est issue du blog de la CGT Alcatel-Lucent.

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25 mars 2014 2 25 /03 /mars /2014 12:37

Balance-help.jpg

En cette période électorale où l'effervescence le dispute à la panique dans certaines villes très proches de chez moi, il m'a semblé utile de donner quelques éléments de réflexion concernant les collectivités locales.

 

En effet, après avoir dégraissé - parfois de manière aveugle et jusqu'à l'excès - une bonne partie du mammouth État à grands coups de RGPP et MAP, le gouvernement se rabat désormais sur les collectivités locales et la Sécurité sociale. Ce billet aura ainsi pour principale finalité de donner quelques éléments pour comprendre la situation, les enjeux et les conséquences.

 

Qu'est-ce qu'une collectivité locale ?

 

Tout d'abord, l'expression collectivité locale n'existe plus depuis la révision constitutionnelle 2003, qui affirme que l’organisation de la République est décentralisée, et a donc préféré lui substituer l'expression collectivité territoriale.

 

Les collectivités territoriales peuvent être définies comme des structures administratives françaises, distinctes de l'administration de l'État, qui doivent prendre en charge les intérêts de la population d'un territoire précis. Plus précisément :

 

 * elles sont dotées de la personnalité morale qui leur permet d'ester en justice

 

 *elles disposent de compétences propres fixées par le législateur, d'un budget et d'un personnel propres

 

 * elles disposent d'une assemblée délibérante 


En pratique, on appelle collectivités territoriales : les communes, les départements et les cinq départements d'outre-mer, les régions et les cinq régions d'outre-mer, les collectivités à statut particulier (Paris, Marseille, la Corse, etc.), les collectivités d'outre-mer. A noter que la Nouvelle-Calédonie est une collectivité territoriale un peu particulière qui n'est pas une collectivité d'outre-mer (Com)...

 

Quelles sont les compétences des collectivités territoriales ?

 

Il n'est pas question ici de détailler par le menu les compétences de chaque collectivité, mais juste de donner quelques notions au lecteur concernant les compétences des 36 786 communes, 101 départements et 26 régions :

 

Competences.jpg

[ Source : Le Monde ]

 

Il est important de savoir que, conformément à l'article 72 de la Constitution (que l'on retrouve dans le code des collectivités territoriales, articles L2121-29 CGCT pour les communes, L3211-1 pour les départements et L4221-1 pour les régions), les collectivités territoriales bénéficient d’une clause générale de compétence : "Les collectivités territoriales ont vocation à prendre les décisions pour l’ensemble des compétences qui peuvent le mieux être mises en oeuvre à leur échelon".

 

Cela signifie que bien que chaque collectivité ait un champ d'intervention dominant (développement économique pour les régions, action sociale pour les départements, etc.), elle peut intervenir dans un autre domaine, même si celui-ci ne fait pas partie de ses attributions, sur le fondement de son intérêt territorial en la matière.

 

Le mille-feuille administratif

 

En plus de toutes ces communes, départements et régions, on a vu apparaître des groupements de collectivités territoriales de plus en plus nombreux, d'autant que les communes furent incitées à y adhérer par la loi de juillet 1999 : syndicat intercommunal, communauté de communes, communauté de villes, communauté urbaine, communauté d'agglomération.

 

Intercom.jpg

[ Source : Le Monde ]

 

Pour répondre à ce mille-feuille administratif, le gouvernement avait suggéré il y a quelques semaines la fusion de certaines régions et la disparition de quelques départements. Entre-temps, il avait également eu l'idée malheureuse d'en rajouter une couche en créant des métropoles, énormes mastodontes qui absorberont les compétences des départements et des régions sur leur territoire afin de devenir "des moteurs de la croissance, en confortant les facteurs du développement économique : l’innovation technologique mais aussi culturelle, la recherche-développement, l’enseignement supérieur, le rayonnement international".

 

Pourtant, l'Alsace avait cherché à montrer qu'une alternative était possible en soumettant à référendum la création d'une collectivité unique pour l'Alsace, c'est-à-dire réunir le conseil régional et les conseils généraux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin en un seul conseil d'Alsace uni.

 

Schema-collectivite-territoriale-d-alsace-conseil-pas-uniq.jpg

[ Source : http://referendum.alsace.over-blog.com ]

 

Malheureusement, ce fut un échec cuisant, tout comme la création des conseillers territoriaux qui auraient dû remplacer les conseillers généraux et régionaux. Partout ailleurs en Europe pourtant, la tendance est à la réduction des niveaux administratifs, en particulier du nombre de communes... 

 

Les dépenses des collectivités territoriales

 

Un graphique vaut mieux qu'un long discours :

 

Depenses-collectivites.png

[ Source : Alternatives Économiques ]

 

Les dépenses des collectivités locales pèsent environ 20 % de l'ensemble des dépenses publiques et ont beaucoup augmenté depuis les dernières décennies, la décentralisation n'expliquant pas tout. En particulier, les effectifs de la fonction publique territoriale, créée par la loi du 26 janvier 1984, ont augmenté nettement et sont aujourd'hui dans le collimateur de la Cour des comptes :

 

Effectifs-collectivites.png

[ Source : Alternatives Économiques ]

 

Cette infographie du Monde montre qu'entre 2000 et 2009, les effectifs des départements et des groupements de communes ont quasiment doublé :

 

Effectifs-coll.jpg

[ Source : Le Monde ]

 

Certes, une partie de ces dépenses est liée à la décentralisation - mise en oeuvre depuis 1982 et qui s'accélère depuis 2004 -, mais le lecteur aura compris que la multiplication des échelons territoriaux, loin d'assurer un meilleur maillage administratif de la France, conduit le plus souvent à reconstruire des féodalités locales et à rendre illisibles les actions menées par chaque collectivité... De plus, la clause de compétence générale évoquée plus haut débouche souvent sur des doublons et une grande inefficacité des dispositifs lorsque plusieurs collectivités se saisissent de la même compétence.

 

C'est pourquoi, la réforme territoriale de 2010 prévoyait sa suppression. Mais par ironie de l'histoire, c'est le nouveau gouvernement qui décida de son maintien en 2012... avant de suggérer il y a quelques semaines la fusion de certaines régions et la disparition de certains départements !

 

Faut-il pour autant mettre les collectivités au pain et à l'eau ?

 

Rationnaliser les compétences, éviter les doublons, oui ! Couper aveuglément dans les dotations, qui sont en baisse depuis des années, et les effectifs, non ! En effet, faut-il rappeler que les collectivités territoriales sont à l'origine de près de 70 % des investissements publics ?

 

Invst.png

[ Source : Alternatives Économiques ]

 

Au reste, rappelons également qu'en France, les collectivités territoriales sont tenues de présenter des budgets de fonctionnement en équilibre. L'endettement ne peut donc être la conséquence que des investissements ; mais bien entendu, il ne faudrait pas non plus que l'investissement se résume à du bétonnage et encore du bétonnage au pays du rond-point...

 

Pourtant, je crains fort que la politique d'austérité menée par le gouvernement afin de trouver 50 milliards "d'économies" pour financer entre autres son pacte de responsabilité (dont j'ai parlé dans ce billet et dans cette tribune), ne conduise à pratiquer des coupes claires dans les budgets des collectivités et de la Sécurité sociale. Le pire, est que cette grande saignée économique a déjà été expérimentée dans le passé et que son résultat fut effroyable tant sur le plan économique, que social et politique !

 

Les conséquences en matière d'investissement locaux d'avenir, de services publics et surtout de vie en commun risquent alors d'être catastrophiques !


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18 mars 2014 2 18 /03 /mars /2014 11:47

bitcoins.jpg

 

Malgré le bruit médiatique autour des scandales politiques dans notre beau pays, l'envenimement de la question ukrainienne, le chômage dont on ne sait plus comment triturer les chiffres pour annoncer au moins une baisse homéopathique, peut-être certains d'entre-vous auront-ils remarqué que la plus célèbre des monnaies électroniques non régulées - le Bitcoin - est sur le point de disparaître corps et biens...

 

Ce billet a pour finalité de fournir quelques éléments pour comprendre ce qui s'est passé. Mais commençons par quelques éléments sur le Bitcoin, que j'avais déjà donnés dans un ancien billet de mon blog.

 

Qu'est-ce que le Bitcoin ?

 

C'est (ou plutôt c'était car je crains qu'il faille parler bientôt au passé...) une monnaie électronique non régulée, conçue en 2009 par l'informaticien Satoshi Nakamoto, mais qui n'a de cours légal dans aucun pays. On peut donc la classer dans ce que je qualifiais de monnaies complémentaires dans ce billet de blog. Le Bitcoin est du reste présenté comme un système de paiement décentralisé, en ce sens qu'il ne nécessite aucun intermédiaire bancaire pour valider les transactions et aucune Banque centrale.

 

En 2013, Nicolas Doze l'avait présenté sur BFM TV :

 

 

Comment fonctionne le système Bitcoin ?

 

Commençons par ce schéma qui explique comment se déroule une transaction en Bitcoin :

 

Transaction-Bitcoin.jpg

[ Source : Les Échos ]

 

Le système Bitcoin - qui fait partie du domaine libre - repose sur une chaîne de bloc, qui est un journal de transactions partagé et public. Il s'apparente ainsi à un système d'échange de fichiers du type peer-to-peer comme BitTorrent. Dès lors, tout utilisateur devra télécharger sur son ordinateur ce journal de transactions et se verra attribuer une adresse bitcoin protégée par une clé privée : 

 

Bitcoin.jpg

[ Source : Bitcoin.org ]


En pratique, un utilisateur peut obtenir des Bitcoins en les acceptant en tant que paiement pour une vente, ou en les achetant notamment sur une bourse d'échange en ligne comme Mt.Gox (50 % des échanges mondiaux, contre 27 % pour Bitstamp et 11,2 % pour BTC-E). A terme, le système a été conçu  pour que le montant maximum de Bitcoins en circulation ne dépasse pas environ 21 millions d'unités.

 

Tout cela semble très intéressant, mais à l'origine il a bien fallu créer les premiers Bitcoins et les distribuer. C'est là qu'intervient un processus appelé "minage", qui consiste à créer 25 Bitcoins et à les affecter à une personne (le "mineur") qui aura contribué à vérifier la validité des opérations en installant sur son ordinateur un logiciel spécifique à cet effet. Ces mineurs sont donc rémunérés à mesure des calculs effectués, mais la forte concurrence entre ces personnes pour obtenir de nouveaux Bitcoins et la puissance très importante de calcul nécessaire, rendent le minage de plus en plus difficile sinon impossible.

 

Que s'est-il passé avec le Bitcoin ?

 

Le 24 février a sonné le tocsin, puisque la principale bourse d'échange en ligne dont j'ai parlé plus haut, Mt.Gox, affichait d'abord page blanche avant de publier ça :

 

MTGOX.jpg

Bref, si vous aviez des Bitcoins chez Mt.Gox, vous êtes mal partis pour les récupérer puisque la société est sous le coup d'une procédure de faillite ! En même temps tout cela s'annonçait au plus mal depuis quelques semaines déjà, la plateforme d'échange ayant suspendu ses cotations depuis le 7 février.

 

Or, juste avant de disparaître, la cotation bitcoin-dollar chez Mt.Gox avait cédé près de 80 % par rapport au début de l'année ! Rappelons que le Bitcoin est coutumier de ce genre de yoyo, car il avait déjà connu un mini-krach en 2011 - lorsqu'il était passé de moins d'un dollar à 30 dollars avant de redescendre sous les 3 dollars - et un autre krach au printemps 2013 - le Bitcoin avait  perdu plus 70 % de sa valeur.

 

cours-bitcoin.png

[ Source : La Tribune ]

 

Mais que s'est-il donc passé avec Mt.Gox ? Certains affirment que la plateforme aurait été victime d'un bug informatique, mais plus certainement d'un piratage massif avec vol de bitcoins. On sait de sources sûres que des failles de sécurité existent et que d'autres attaques avaient déjà fait mouche sur la plateforme Mt.Gox, notamment en 2011.

 

Le Bitcoin est-il mort ?

 

Pour l'instant non ! Mais l'onde de choc du 24 février menaçait de se transmettre aux autres plateformes d'échanges, qui cherchent depuis lors à rassurer les clients qui ont la furieuse impression de se retrouver dans la même situation que lorsqu'une banque ferme... sauf que dans ce cas il existe un système d'assurance des dépôts, même si celui-ci est loin de garantir la survie de tout le système bancaire.

 

A croire que les agents économiques êtres humains doués en théorie d'intelligence ne sont capables de comprendre l'intérêt d'une régulation que lorsque leur argent s'évanouit, que ce soit avec la crise des subprimes ou le krach du Bitcoin... Il est vrai qu'en l'absence de régulateur et de Banque centrale, je ne vois pas trop vers qui vont pouvoir se retourner les personnes qui n'ont plus leurs Bitcoins. Et je ne parle même pas de ceux qui les ont égarés dans une décharge !

 

Mais quand bien même chaque plateforme ne cesse de répéter à l'envi que, à l'instar d'Internet, l'architecture décentralisée du Bitcoin permet au système de ne pas s'effondrer même lorsqu'un acteur tombe, la confiance s'étiole. Au vu des pertes financières subies par certains - on parle de millions de dollars -, la réputation du Bitcoin est donc sérieusement entachée.

 

Pour ma part, je renouvelle mes conclusions plusieurs fois reprises sur mon blog : le Bitcoin n'est pas une monnaie mais un actif à très haut risque, puisque non régulé, qui ne s'adresse pas à Monsieur Tout-le-monde. Au reste, demandez-vous qui accepterait de déposer son argent sur un compte dont la sécurité laisse autant à désirer, où l'absence de régulation est érigée en principe, où l'anonymat permet de blanchir impunément des capitaux ? A mon sens des spéculateurs, des escrocs, ou des fous à lier... Au reste, mes doutes sont visiblement partagés par la Banque de France qui a commis cette note d'avertissement en décembre 2013.

 

Quand on pense qu'à l'été 2013, le Bitcoin venait d'obtenir un statut de monnaie privée en Allemagne, c'est-à-dire l'autorisation d'être utilisé légalement pour les transactions... Et pendant ce temps, la crise qui n'en finit pas au sein de la zone euro démontre chaque jour un peu plus l'impossibilité évidente de piloter une monnaie unique pour des pays avec des économies si différentes !

 

N.B : l'image de ce billet provient d'un article du site Techvibes.com

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11 mars 2014 2 11 /03 /mars /2014 11:35

Front.jpg 

Les nouvelles du front économique, essentiellement en France, témoignent d'une incompréhension profonde des phénomènes économiques par nos dirigeants politiques et les médias. En effet, les commentateurs n'en finissent pas de se réjouir de chiffres effrayants et négligent d'évoquer ceux qui font objectivement peur aux économistes...

 

 * Selon l'INSEE, le taux de chômage s'élève à 9,8 % de la population active, en recul de 0,1 point par rapport au troisième trimestre 2013. Il n'en fallait pas plus pour que le gouvernement affirme avoir inversé la courbe du chômage !

 

Chomage-INSEE-2014.png

 

[ Source : INSEE ]

 

Pourtant, le nombre des inscrits à Pôle emploi continue d'augmenter :

 

demandeurs-emplois.jpg

[ Source : 20 minutes ]

 

La différence tient bien entendu d'abord à deux manières différentes de mesurer le chômage :

 

Comparaison-chomage.png

[ Source : Alternatives Économiques ]

 

Ceux qui suivent mon blog se souviennent certainement de mon billet consacré au bug sur les chiffres du chômage. J'y expliquais que l'inversion de la courbe du chômage était possible, mais pour des raisons qui n'augurent rien de bon. En particulier, de nombreux chômeurs se découragent d'un marché du travail bloqué et d'un service public à l'emploi qui n'a rien à leur proposer de concret. Et c'est malheureusement ce que l'on constate, puisque le taux d'activité a baissé au 4e trimestre 2013. Moins de chômeurs mais aussi moins d'actifs pour financer les retraites, est-ce vraiment une bonne nouvelle ?  

 

 * en France, les gouvernements successifs ont longtemps vanté les mérites de la concurrence, conformément à ce que l'on apprend à l'ENA, avant de considérer depuis peu que dans le secteur des télécommunications un oligopole était la panacée. Je fais bien entendu référence au duel qui oppose Bouygues à Numericable pour le rachat de SFR, et dans lequel Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, a exprimé ouvertement sa préférence pour moins de concurrence dans un entretien accordé au Parisien : "la concurrence par la destruction s'arrêtera si nous revenons à trois opérateurs mobiles".

 

Telecoms-France.jpg

[ Source : La République des Pyrénées ]

 

Le géant du bétonnage vient d'ailleurs de prendre une l'avantage en annonçant qu'en cas de victoire il céderait cédera son infrastructure de réseau à Free pour 1,8 milliard d'euros, afin de ne pas passer sous les fourches caudines de l'Autorité de la concurrence qui s'inquiétait à juste titre de la position dominante que prendrait le nouvel ensemble constitué de Bouygues Telecom et SFR. Et le consommateur dans tout ça ?

 

 * Toujours en France, le décret qui autorise les magasins de bricolage à ouvrir le dimanche vient d'être publié au Journal officiel. Il faut rappeler que la précédente mouture du texte avait été suspendue en référé par le Conseil d'état, en raison notamment de l'atteinte au principe d'un repos hebdomadaire et pour des questions de forme. 

 

Travail-dimanche.jpg

[ Source : Var Matin ]

 

Pour résumer ce que j'ai déjà pu en dire, je dirais que l'argument principal avancé par ceux qui souhaitent cette ouverture le dimanche est que cela débouchera sur des embauches supplémentaires. Or, par-delà les questions (pourtant fondamentales) de qualité de vie des travailleurs et de liberté d'entreprendre, il faut se demander si les achats effectués le dimanche vont s'ajouter à ceux de la semaine ou s'ils s'y substitueront.

 

Dans ce dernier cas, malheureusement fort probable lorsque le pouvoir d'achat des consommateurs est contraint, il n'y aura aucun gain sur l'activité et l'emploi. Au contraire, cela augmenterait les coûts au travers des primes de travail, qui se répercuteraient sur les prix de vente, et constitueraient alors éventuellement une aubaine pour les travailleurs déjà en place mais pas pour les autres et surtout pas les consommateurs !

 

 * en Ukraine, la situation politique est toujours aussi confuse et tendue. Sur le plan économique, comme je l'expliquais dans ce billet, l'Ukraine fait face à des déficits jumeaux (budgétaire et extérieur) qui se creusent de plus en plus sous les effets conjugués notamment de l’effondrement de la production industrielle, d'une grande corruption, d'une dépendance énorme au gaz russe, de la chute brutale des réserves et d'une croissance en berne.

 

Ukraine-Russie.jpg

[ Source : Le Parisien ]

 

Face à une situation économique catastrophique et une dépendance si importante à la Russie, que pèse alors le plan d'aide de 11 milliards d'euros octroyé par l'UE, d'autant que l'on estime bon an mal an à 20 milliards de dollars le besoin de capitaux de l'Ukraine (mais 35 milliards d'euros immédiatement pour éviter le défaut...) ? Et attendons de voir les contreparties exigées...

 

 * Pendant ce temps, le risque déflationniste se précise et la BCE semble bien en peine d'y faire face, comme le démontre sa décision de laisser inchangés ses principaux taux directeurs.

 

CPI-zone-euro.jpg

 

[ Source : Natixis ]

 

Pourtant, comme je l'avais expliqué dans ce billet, la déflation est un grand danger puisque sous couvert de n'être dans l'opinion publique qu'une simple baisse des prix, elle conduit en fait à un alourdissement de l'endettement réel, qui mène à l'augmentation des défauts d'emprunteurs et à des faillites bancaires.

 

Cependant, à ce stade, il est fort probable que pour augmenter les anticipations inflationnistes il ne restera donc plus à la BCE que des politiques monétaires non conventionnelles (quantitative easing, taux directeurs négatifs, etc.), mais là elle risque fort de se heurter frontalement au mur du refus allemand...

 

En définitive, les dernières nouvelles du front économique sont loin d'être bonnes, mais certains font comme si elles l'étaient ! On appelle cela se bercer d'illusions...

 

N.B : l'image de ce billet représente un tableau d'Antoine-Jean Gros exposé au Louvre, Napoléon sur le champ de bataille d'Eylau, le 9 février 1807.

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4 mars 2014 2 04 /03 /mars /2014 11:20

Ukraine.jpg

 

La situation politique en Ukraine n'a cessé de se dégrader ses dernières semaines et devient aujourd'hui confuse, entre la destitution (et la fuite) du président et les pressions militaires exercées par le voisin russe. Mais qu'en est-il de la situation économique du pays ?

 

Brève présentation de l'Ukraine

 

L'Ukraine est un État d'Europe de l'Est, d'une superficie de 603 500 km², c'est-à-dire presqu'autant que la France avec ses territoires d'outre-mer. Sa capitale est Kiev (2,8 millions d'habitants) et les autres principales grandes villes du pays sont Kharkiv (1,5 million d'habitants), Dnipropetrovsk (1 million d'habitants), Odessa (1 million d'habitants), Donetsk (1 million d'habitants) et Lviv (850 000 habitants). 

 

Carte-UE-Ukraine.jpg

[ Source : Courrier International ]

 

La démographie est un véritable défi pour l'Ukraine, puisque la population totale est passée de 51,6 millions d'habitants en 1991 à 45,6 millions en 2013. La langue des affaires est très souvent le russe, notamment dans la partie est du pays, alors que l’ouest utilise plus volontiers l'ukrainien ou l'anglais pour les affaires. La monnaie de l'Ukraine est la hryvnia (UAH).

 

Selon le FMI (World Economic Outlook Database), le PIB s'élève à 182 milliards de dollars, le taux d'inflation est à 1,9 % et le taux de chômage s'établit à 8 % de la population active. Selon la Banque mondiale, la contribution des différents secteurs au PIB est la suivante : agriculture (9,3 %), industrie (29,8 %), services (60,9 %). Sur le plan de l'emploi, la répartition est : agriculture (17,2 %), industrie (20,7 %), services (62,1 %).

 

Petit résumé économico-politique de la situation en Ukraine

 

Cette infographie s'arrête à la signature de l'accord de sortie de crise (sic !) du 21 février 2014 :


Info-Ukraine.jpg

[ Source : La Manche libre ]

 

Depuis les événements s'accélèrent mais la situation reste des plus confuses, d'autant que la Russie semble vouloir la guerre avec l'Ukraine, mais pas à n'importe qu'elle prix visiblement... Toujours est-il, que si vous souhaitez comprendre pourquoi l'Est et l'Ouest de ce pays semblent irréconciliables politiquement, il suffit de regarder les deux cartes ci-dessous issues d'un article de Slate.fr (en bleu, les districts remportés à l'élection présidentielle de 2010 par Viktor Ianoukovitch, en jaune ceux gagnés par son opposante Ioulia Tymochenko) :

 

Vote-Ukraine.png

[ Source : Slate.fr ]

 

Ethnie-Ukraine.png

[ Source : Slate.fr ]

 

Les finances publiques de l'Ukraine

 

Dire qu'elles sont dans un état épouvantable est au mieux un truisme, mais plus certainement un euphémisme comme le montrent les deux graphiques ci-dessous :

 

Dette-publique-Ukraine.jpg

[ Source : Les Échos ]

 

Finances-publiques-Ukraine.jpg

 

[ Source : Natixis ]


Bref, les dépenses publiques ont augmenté, mais les recettes ont stagné d'autant que la croissance a fortement chuté depuis 2012. La conséquence fut une dégradation de la note souveraine de l'Ukraine par les agences de notation, le pays étant désormais perçu par les investisseurs comme très proche de la "faillite".

 

En outre, la Russie a laissé entendre qu'elle pourrait bloquer le versement d'une aide de 15 milliards de dollars accordée en décembre; il reviendrait donc à l'UE de suppléer à ce besoin de capitaux que l'on estime bon an mal an à 20 milliards de dollars (mais 35 milliards d'euros immédiatement pour éviter le défaut...). Que pèse alors le prêt européen de 610 millions d'euros octroyé par l'UE et ratifié ce matin-même par le Parlement ukrainien ?

 

15-milliards-Russie.jpg

[ Source : La Voix du Nord ]

 

Or, lorsque l'UE a proposé un prêt de 20 milliards d'euros à Kiev en décembre dernier, les conditions étaient si drastiques (par exemple moins subventionner le secteur du gaz, ce qui alourdirait mécaniquement la note pour les ménages) qu'elles ressemblaient à s'y méprendre à un plan d'austérité made in Troïka. Pas franchement l'idéal lorsqu'un pays est déjà à feu et à sang, et que la Troïka est clairement discréditée pour son action non respectueuse des droits de l'Homme...

 

La dépendance économique à la Russie

 

J'ai souvent expliqué sur ce blog que s'il était important d'étudier la dynamique de la dette publique, il fallait étudier avec au moins autant d'intérêt la balance extérieure. Car en l'occurrence celle-ci fait apparaître une dépendante très importante au gaz naturel russe, qui représente 87 % du total des importations de gaz de l'Ukraine et dont le prix est renégocié tous les trimestres !

 

Plus précisément, la Russie contribue pour 69 % aux importations totales d'énergie de l'Ukraine. De plus, on voit sur le tableau ci-dessous que la Russie est à la fois le principal client et le principal fournisseur de l'Ukraine :

 

Clients-fournisseurs.jpg

[ Source : Comtrade ]

 

On comprend donc mieux pourquoi les restrictions commerciales, prises par la Russie lors de l'annonce par Kiev d'un accord commercial avec l'UE, pèsent et pèseront très lourds sur la balance courante de l'Ukraine :

 

Compte-financier-Ukraine.jpg

 

[ Source : Natixis ]

 

Rappelons à ce stade que l'Ukraine a instauré un contrôle des capitaux et dévalué sa monnaie, ce qui n'a évidemment pas amélioré la situation économique lorsque le pays est à feu et à sang ! Dès lors, afin de financer le déficit de la balance courante et défendre le taux de change de sa monnaie, l'Ukraine a dû piocher dans ses réserves qui ont brutalement chuté depuis janvier à seulement 15 milliards de dollars. C'est peu pour faire face à de tels engagements, surtout que les investissements étrangers risquent fort de se tarir avec la crise politique que traverse le pays. 

 

L'Ukraine fait donc face à des déficits jumeaux (budgétaire et extérieur) qui se creusent de plus en plus sous les effets conjugués notamment de l’effondrement de la production industrielle, d'une grande corruption, d'une dépendance énorme au gaz russe, de la chute brutale des réserves et d'une croissance en berne.

 

Sans présumer des questions politiques, peut-être serait-il alors bon de se souvenir de ces quelques éléments économiques avant de conclure qu'il faut privilégier l'UE comme partenaire commercial de l'Ukraine...

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25 février 2014 2 25 /02 /février /2014 09:38

Chute-euro.jpeg

Il y a quelques jours, Arnaud Montebourg a donné une interview au quotidien Les Échos dans laquelle il plaidait pour une "reprise en main de la politique de change par les État européens", précisant que pour cela "nous devons ouvrir une bataille politique pour faire baisser l’euro" :

 

 

Mais est-ce bien certain qu'une dépréciation de l'euro serait favorable à tous les pays de la zone euro ?

 

L'euro est-il surévalué ?

 

Commençons par examiner l'évolution du taux de change euro-dollar depuis quelques mois :

 

Euro-dol-2014.jpg 

[ Source : Boursorama.com ]

 

Ainsi, par rapport à la devise internationale qu'est le dollar, l'euro est sur une tendance haussière en raison notamment de l'important excédent extérieur de la zone euro et d'une volonté - plus ou moins avouée du reste, plutôt moins que plus - des autorités monétaires américaines de faire "baisser" le dollar. Notons également que la BCE est la seule grande Banque centrale qui n’essaie pas de déprécier sa monnaie...

 

Suivre le taux de change euro-dollar est certes intéressant, mais il néglige  la structure du commerce extérieur de la zone euro. En effet, il est beaucoup plus pertinent de connaître l'évolution de l'euro par rapport à l'ensemble des taux de change de ses principaux partenaires commerciaux, en tenant compte du poids de chacun. Cela permet d'obtenir le taux de change effectif de l'euro qui, lorsqu'il corrigé de l'inflation, donne un taux de change effectif réel de l'euro.

 

Or, selon les estimations, le taux de change euro-dollar en parité de pouvoir d'achat se situerait aux environs de 1,15, ce qui signifie une surévaluation réelle de l'euro :

 

taux-effectif-reel-euro.jpg

[ Source : Natixis ]

 

Quels sont les effets d'une dépréciation de l'euro ?

 

Face à une dépréciation de l'euro, un pays (ou une zone comme l'euro) fera face à deux phénomènes opposés :

 

 * une baisse du prix des produits domestiques pour les acheteurs étrangers, c'est-à-dire un gain de compétitivité-prix pour les entreprises de la zone euro. Dans le jargon économique, on parle d'effet-volume de la baisse de l'euro. Cet effet prend un peu de temps à se matérialiser en raison par exemple de la nécessité de négocier de nouveaux contrats.

 

 * une hausse du prix des produits importés qui se ressent immédiatement. Dans le jargon économique, on parle d'effet-prix de la baisse de l'euro.

 

A ce stade, vous aurez compris que toute la question est de savoir lequel de ces deux effets l'emportera... Sans entrer trop dans les détails techniques, précisons simplement que cela dépend de ce que l'on appelle l'élasticité-prix des importations et l'élasticité-prix des exportations, c'est-à-dire de la variation de la demande suite à une augmentation du prix. On peut alors montrer que, pour qu'il y ait amélioration de la balance commerciale (= différence entre exportations et importations), il faut et il suffit que les élasticités-prix vérifient la condition de Marshall-Lerner, dont je me garderai d'en dire plus sous peine d'alourdir considérablement ce billet. 

 

Quels pays d'Europe seraient gagnants ?

 

Selon les calculs réalisés par Natixis sur la base d'estimations économétriques des élasticités-prix des importations et exportations, une dépréciation de 10 % du change dégraderait le commerce extérieur de la zone euro de 0,1 point de PIB. Pour le dire autrement, la hausse du prix des importations qui résulterait de la dépréciation de l’euro l’emporterait sur la hausse du volume des exportations, ce qui pèserait négativement sur le PIB de la zone euro prise dans son ensemble.

 

Mais la situation peut être différente d'un pays à l'autre en fonction du poids de ses exportations vers le Monde hors zone euro et de celui de ses importations depuis le Monde hors zone euro. Dans ces conditions, les grands gagnants seraient l'Italie et l'Irlande mais au rang des perdants on compterait la Grèce, l'Espagne et la France. Notons que le Conseil d'analyse économique a lui aussi fait des calculs, et conclut au contraire qu'une dépréciation de 10 % de l'euro ferait grimper le PIB français de 0,6 % après un an.

 

Quoi qu'il en soit, on peut remarquer qu'une dépréciation de l'euro pourrait avoir un effet positif sur l'industrie - notamment en France -, surtout lorsque le niveau de gamme de la production la rend très dépendante aux variations de prix. Mais globalement, cette dépréciation serait néfaste pour les ménages en réduisant leur pouvoir d'achat sur les produits importés, ce qui risque fort de réduire leur consommation, alors même qu'il s'agit du principal moteur de notre croissance et qu'il donne déjà des signes d'essoufflement.

 

Tout ceci fait dire à certains, avec une certaine pointe d'ironie, qu'une dépréciation de l'euro n'est en fait qu'une subvention déguisée à l'industrie financée par une taxation cachée des ménages...

 

Mais au fait, à la différence du Japon dont j'avais parlé dans ce billet, comment fait-on pour déprécier l'euro puisque cette monnaie est pilotée de manière indépendante par la BCE pour 18 pays ? Mystère...

 

N.B : l'image de ce billet provient de cet article de la RTS.


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18 février 2014 2 18 /02 /février /2014 11:18

Competitivite-Europe.jpg

 

L'annonce par le président de la République d'un « pacte de responsabilité » a été vue par de nombreux commentateurs comme un changement de cap de l'économie française, puisque l'entreprise et la compétitivité sont désormais placées au cœur des préoccupations économiques du gouvernement. Mais est-ce bien certain que restaurer la compétitivité de nos entreprises débouchera sur des créations d’emplois ?

J'ai déjà esquissé certains éléments de réponse dans un billet de mon blog, dans un texte publié par La Tribune et dans ma nouvelle chronique bimensuelle du lundi sur Mosaïk TV (journal du lundi 17 février, 23e minute environ) :

 

Mosaik-17-fevrier-2014.jpg[ Cliquer sur l'image pour voir la vidéo sur le site de Mosaïk ]

 

Mais comme cette notion de compétitivité est souvent très mal comprise, j'ai jugé utile en outre d’avancer ma conférence, initialement prévue le 13 mars, au jeudi 20 février 2014 à 19h à l’Université Populaire de Forbach.

  Affiche compétitivité

[ Cliquer sur l'affiche pour l'agrandir ]

 

Je m’attacherai d’abord à expliquer précisément les notions de compétitivité d’une entreprise et d’un État, afin d’analyser le cas de la France et des autres pays européens (coûts salariaux, cotisations sociales, balances commerciales,…). Puis, je préciserai le contenu du pacte de responsabilité de François Hollande et expliquerai ce qu’on peut en attendre sur le plan de la compétitivité et de l’emploi. Pour finir, j'avancerai quelques propositions retenues comme pertinentes par les économistes pour redynamiser l’économie française et renouer avec l’emploi.

Tous ces thèmes peuvent du reste être retrouvés dans mon dernier livre, les grands débats économiques actuels.

 

Cette conférence-débat aura lieu à l’Université Populaire de Forbach, ce jeudi 20 février 2014 à 19h. La présentation se veut accessible à tous et ne nécessite aucune connaissance préalable. Toutes les questions seront les bienvenues à la suite de la présentation. L’entrée est fixée à 5€ pour les personnes non inscrites au cycle de conférences économiques de l’UPT.

 

Renseignements et inscriptions auprès de l’UPT

 

15 rue du Parc

57600 Forbach

  Tél : 03 87 84 59 67

Email : upt.vhs@wanadoo.fr 

 

Le républicain Lorrain a également annoncé ma conférence dans ses colonnes :

 

RL-14-Fevrier-2014.JPG

 

[ Cliquer sur l'image pour l'agrandir ]

 

 

N.B : l'image de ce billet provient de cet article de Challenges.fr

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11 février 2014 2 11 /02 /février /2014 11:29

reprise_economique.gif

 

D'après les équipes de recherche économique de la banque Government Goldman Sachs, la reprise économique mondiale est en train de se tasser alors-même que l'économie est loin d'avoir redémarré dans tous les pays (c'est un euphémisme...). Cela soulève donc de nombreuses questions, tant le décalage est désormais abyssal entre les discours politiques qui vantent la reprise et la réalité économique vécue par chacun d'entre-nous.

 

En fin de compte, cette reprise économique est-elle une illusion ou une incantation répétée par des politiques incapables de faire face à cette crise ?

 

Les prévisions de croissance mondiale

 

Voici les prévisions de l'assureur-crédit Euler Hermes suivies de celles de l'OCDE :

 

Prévisions croissance mondiale

[ Source : Les Échos ]

 

Previsions-OCDE.jpg

 

[ Source : Les Échos ]

 

Le FMI, quant à lui, a relevé en janvier sa prévision de croissance économique mondiale en 2014 à 3,7 %; il prévoit en moyenne 2,2 % de croissance dans les pays développés et 5,1 % dans les pays en développement ou émergents.

 

Est-ce à dire que tout va bien dans le meilleur des mondes ? Il est bon de rappeler tout d'abord que les prévisions en économie sont comme celles en météorologie : on ne peut juger réellement de leur valeur que lorsque l'orage est arrivé ! Il suffit pour s'en convaincre de regarder les prévisions faites chaque année pour voir combien cet exercice est hasardeux pour ne pas dire vain...

 

Toujours est-il que de nombreuses contraintes pèsent sur cet embryon de reprise mondiale.

 

Les BRICS sont en train de s'essouffler

 

Le taux de croissance de la Chine a ralenti à moins de 8 %, soit très en deçà des performances de la dernière décennie. Cela tient d'abord à la nécessité pour la Chine de rééquilibrer son modèle économique en misant davantage sur la demande intérieure. En effet, pendant près de 20 ans, le modèle de croissance de la Chine était quasi exclusivement basé sur les exportations de produits industriels de bas de gamme, à la faveur notamment de coûts salariaux très faibles.

 

L'ensemble des BRICS fait du reste face à des problèmes structurels graves : corruption, inégalités très fortes, droits économiques (sociaux et politiques) souvent peu ou pas respectés, etc. Bref, autant de facteurs qui obèrent la confiance et donc la croissance.

 

Une crise de la balance des paiements

 

Plusieurs pays émergents (Brésil, Turquie, Inde notamment) font face à une crise de la balance des paiements depuis l'été 2013, comme je l'avais expliqué dans ce billet. A court terme, j'avais montré que la dégradation des termes de l'échange et la compression de la demande vont conduire à un ralentissement de l'activité.  

 

Le crédit au secteur privé fonctionne mal

 

Au sein de l'OCDE et en particulier de la zone euro, les enquêtes montrent que le crédit au secteur privé ne s'est pas vraiment redressé. Et dans les pays émergents, il diminue en raison du désendettement des agents économiques :

 

Credits-emergents.jpg

[ Source : BNP Paribas ]

 

L'abreuvoir à liquidités financières est en train de se tarir aux États-Unis

 

Cette réduction des achats de titres publics et privés par la Fed, désormais fixés à 65 milliards de dollars par mois, est appelée tapering. Or, cette politique monétaire ultra-expansionniste avait pour conséquence de créer massivement de la monnaie pour acheter des actifs financiers sur les marchés, ce qui augmentait le prix de ces actifs et faisait baisser les taux d’intérêt à long terme.

 

Ainsi, lorsque la richesse (immobilière et/ou financière) des ménages augmente grâce à cette hausse des prix, ces derniers se remettent à consommer et à investir. C'est ce que l'on appelle l'effet de richesse, qui est beaucoup plus marqué aux États-Unis et au Japon qu'en Europe.

 

Un risque déflationniste en Europe

 

Pendant que les médias se félicitaient des performances boursières de 2013, l'attention s'est détournée d'un grand danger qui menace la zone euro : la déflation. J'avais expliqué dans ce billet que cette situation de recul prononcé de l'inflation résulte tout à la fois du niveau élevé du chômage, du faible niveau du taux d’utilisation des capacités de production et de toutes les politiques d'austérité qui ont contribué à faire reculer salaires et coût salariaux dans la zone euro.

 

Or, la déflation est un grand danger, puisque sous couvert de n'être dans l'opinion publique qu'une simple baisse des prix, elle conduit en fait à un alourdissement de l'endettement réel, qui mène à l'augmentation des défauts d'emprunteurs et à des faillites bancaires. De plus, les consommateurs préfèrent différer leurs achats en espérant que leur pouvoir d'achat augmentera encore un peu plus.

 

Le commerce mondial reste atone

 

Comme le montre le graphique ci-dessous, la petite reprise de l'activité mondiale ne s'est pas accompagnée d'une reprise du commerce mondial :

 

Commerce-mondial.jpg

[ Source : Natixis ]

 

Cela tient notamment au fait que la reprise est pour l'instant quasi exclusivement tirée par les services domestiques (donc non exportables). Ainsi, la croissance retrouvée par certains pays ne profite pas aux autres...

 

Le chômage atteint des sommets dans de nombreux pays

 

En France, l'évolution du nombre de demandeurs d'emploi depuis 2007 est effrayante :

 

Chomage-ABC-2013-copie-1.png

 

[ Source : Alternatives Économiques ]

 

Au sein de l'Union européenne, les nouvelles du front de l'emploi ne sont guère plus réjouissantes (cliquer sur l'image pour l'agrandir) :

 

Chomage-juin-2013.jpg

 

[ Source : Le Parisien ]

 

Quant aux États-Unis, dont certains vantent un peu vite le faible taux de chômage et la reprise économique, il est bon de rappeler que le taux de participation continue à reculer sous l'effet du découragement des chômeurs, en particulier les plus jeunes et les plus âgés. C'est donc à un colosse aux pieds d'argile auquel on a affaire !

 

 

En définitive, nous venons de voir qu'à court terme il n'y avait pas grand chose à attendre de la demande extérieure et encore moins de la demande domestique au vu du chômage, de la faiblesse des salaires réels et du ralentissement voire du recul du crédit au secteur privé...

 

La reprise de l'économie mondiale est donc à l'évidence au mieux une incantation au pire une illusion, lorsqu'autant d'incertitudes et de contraintes pèsent sur l'embryon de croissance. Cela tient au fait que tant qu'on ne changera pas le logiciel global de pilotage de l'économie basé sur le triptyque austérité-compétitivité-inégalité, aucune amélioration ne sera possible en particulier dans la zone euro !


 

N.B : l'image de ce billet provient de ce blog.

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4 février 2014 2 04 /02 /février /2014 11:00

ABENOMICS

 

Le retour aux affaires du Premier ministre Shinzo Abe s'est accompagné d'une politique économique très expansionniste appelée désormais abenomics. Il faut se rappeler que depuis le second semestre 2012, le Japon traversait une récession économique (que la tragédie de Fukushima a amplifiée) qui se conjuguait avec une déflation quasi permanente depuis 1997.

 

Évolution de la croissance au Japon

 

japan-gdp-growth-annual.png

[ Source : http://www.tradingeconomics.com ]

 

 

Évolution du taux d'inflation au Japon

 

japan-inflation-cpi.png

[ Source : http://www.tradingeconomics.com ]

 

Qu'est-ce que les abenomics ?

 

Shinzo Abe a évoqué "trois flèches" pour redynamiser l'économie japonaise :

 

 * un doublement de la base monétaire d’ici la fin de 2014, ce qui signifie que la Banque du Japon va augmenter ses achats d'obligations d'État et même acquérir des actifs plus risqués (ETF, fonds communs immobiliers,...). Le but recherché est de faire baisser les taux d'intérêt sur les obligations à long terme et de relancer l'investissement. De manière moins avouable il s'agit aussi probablement de déprécier le yen afin de gagner en compétitivité-prix.

 

 * en complément de cette politique monétaire ultra-expansionniste, le gouvernement prévoit plus classiquement de financer de grands travaux

 

 * enfin, il est prévu de prendre des mesures pour soutenir la croissance potentielle, comme par exemple l'incitation au travail des femmes et une réforme fiscale. Mais tout cela reste encore à préciser.

 

Le schéma ci-dessous (cliquer dessus pour l'agrandir) résume l'effet attendu de ces trois flèches :

 

Mecanisme-abenomics.jpg

 

[ Source : Les Échos ]

 

Quels sont les résultats des abenomics ?

 

Disons-le d'emblée, les résultats sont très positifs à court terme :

 

 * hausse de l'inflation qui sort enfin le pays de la déflation

 

 * taux d'intérêt réels à long terme négatifs

 

 * effets de richesse importants, c'est-à-dire hausse de la consommation et des achats immobiliers liées à la très forte augmentation des cours boursiers et des prix de l'immobilier.

 

 * très forte dépréciation du yen qui améliore la compétitivité-prix et donc les exportations

 

 * hausse des profits des entreprises

 

Le Japon est-il définitivement tiré d'affaires ?

 

La réussite de cette politique monétaire à long terme dépendra essentiellement de l'évolution des salaires réels. En effet, on ne construit pas une reprise économique sur de simples effets de richesses comme mentionnés ci-dessus (hausse de la demande tirée par une hausse du prix des actifs).

 

Il faut un véritable moteur à la croissance et celui-ci ne peut être qu'une hausse des salaires réels, puisque le partage de la valeur ajoutée est déjà fortement déformé au détriment des salariés (et la situation empire...) :

 

Partage-VA-Japon.jpg[ Source : Natixis ]

 

Il n'y a de toute façon pas de sortie de crise possible si les agents économiques n'anticipent pas une hausse de leurs revenus futurs : quel ménage augmenterait sa consommation, quelle entreprise augmenterait ses investissements, s'ils n'espèraient aucune hausse de leurs revenus à venir ?

 

Pour les entreprises les choses sont bien engagées, mais elles le sont beaucoup moins pour les ménages, d'autant qu'en parallèle le gouvernement a mis en oeuvre une politique budgétaire restrictive afin de faire face au déficit public abyssal et à l'énorme dette publique :

 

Deficit-public-Japon.jpg

[ Source : Natixis ]

 

Public-debt-Japan.png

 

[ Source : OCDE ]

 

Cela se traduira notamment par une hausse de 3 points de la TVA, qui risque fort de peser sur l'enthousiasme des ménages à consommer et investir à moins d'arriver à créer les conditions pour que la réduction des déficits publics soit compensée par la baisse du taux d'épargne des ménages. En même temps, la réduction du déficit public primaire nécessaire pour assurer la solvabilité budgétaire à long terme est tout simplement hors d'atteinte au vu des montants en jeu et du vieillissement démographique, mais c'est une autre histoire...

 


Quoi qu'il en soit, en définitive, le Japon démontre que pour faire face à une crise, un État doit se servir de toutes les armes de la politique économique : changements structurels conjugués à une politique budgétaire et une politique monétaire expansionnistes pour soutenir l'activité (et la demande). Et en Europe, on attend quoi ?

 

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